Préparateur physique de l’équipe de France masculine et responsable de la cellule recherche et performance de la FFHandball, Olivier Maurelli est l’invité de l’entretien du lundi au moment où débute une semaine internationale avec les Bleus.

Quel type de travail est effectué par le préparateur physique lors d’une semaine internationale avec des matches amicaux ?
Nous procédons à un bilan médical, physique et technique. En amont, nous avons réalisé des échanges avec les staffs des clubs des internationaux pour connaître leurs retours sur les joueurs afin de nous inscrire dans la continuité du travail des clubs. L’objectif est de prendre le relai des staffs des clubs et de faire un état des lieux des joueurs.

En quoi consiste ces tests ?
Il s’agit d’une série de tests à visée préventive telles que des mesures d’amplitude et de mobilité sur différentes zones musculaires et articulaires. Sur ce type de semaine ponctuée par des matchs amicaux, nous bénéficions d’une période qui nous offre la capacité d’anticiper.

Comment se matérialise l’anticipation ?
Nous allons observer les zones à risques autour de la mobilité et de la posture. De plus, un nouveau protocole sur le genou sera mis en place. Il s‘agit d’évaluations fonctionnelles pour le retour terrain.

Les joueurs se prêtent-ils aisément à cette batterie de tests ?
Ce type d’évaluations rentre progressivement dans les mœurs sachant que l’objectif est d’offrir des soins adaptés et un travail individualisé. Les préparateurs physiques dans les clubs prennent le temps de procéder à ce type de tests. Les staffs des clubs sont de plus en plus étoffés à l’instar des équipes nationales. Les joueurs s’entraînent et jouent de plus en plus avec parallèlement de moins en moins de jours de repos. Nous devons tous faire pour faire attention aux joueurs et c’est pour cela que nous mettons en place et suivons certains indicateurs.

Les joueurs, au travers de l’application, Mycoach contribuent aussi à ces indicateurs…
En effet. Il s’agit d’indicateurs subjectifs sur la façon, par exemple, dont ils vivent leur stage sur des items assez larges. Nous avons élaboré l’outil au travers de questionnaires établis à partir des séances technico-tactiques, physiques, mixte et lors des matchs. Ces items sont déclinés dans les questionnaires et permettent d’identifier ce qu’il s’est bien passé, moins bien passé, pendant un match ou un entraînement. En somme, l’objectif est de connaître les effets de leurs efforts.

Comment sont traitées ces données ?
Un traitement statistique permet d’observer les variations inhabituelles qui donnent des indications sur les états de forme. En revanche, il n’y a pas de prises de décision directement tirées à partir de ces données collectives. Si une tendance générale est observée sur un ou plusieurs joueurs, elle est transmise aux entraîneurs afin de réguler, si besoin, leur utilisation. En compétition, cela peut permettre d’avoir une vision plus fine dans les régulations quotidiennes de la charge de travail.

Outre ces outils, n’est-ce pas important de conserver le coup d’œil, celui de l’expérience ?
L’objectif est de fournir des outils d’aides à la décision. Ce n’est jamais l’outil qui détermine la décision, ce sont les entraîneurs qui décident, en fonction du contexte.

Tu es en charge depuis quelques mois de la cellule recherche et performance. Quels sont les principaux axes de travail ?
Cette cellule existe afin de développer des projets centrés sur la recherche à des visées de performance. À partir des problématiques du terrain, son identifiés les besoins des collectifs, féminins et masculins, de tous les handballs mis en œuvre par la fédération. Une des premières missions permettra d’interroger le fonctionnement des pôles espoirs dans les territoires pour établir un état des lieux de leur environnement, des ressources humaines et matérielles.

Concrètement, quelle sera l’étape suivante après cet état des lieux ?
La cellule viendra en soutien des structures qui ne disposent pas de toute le chaîne : un préparateur physique, une salle de musculation, des créneaux disponibles, etc… Ces investigations permettront de développer un projet de performance dans le handball pour les jeunes de 15, 16, 17 et 18 ans. Ces années sont fondamentales dans la formation du joueur en phase de pré-puberté, en puberté, ou en post-puberté.

Quels sont les autres dossiers prioritaires ?
L’activation des ressources de la fédération nous permet d’avancer sur plusieurs dossiers, je pense en particulier à la prévention des blessures avec l’ouvrage réalisé par Christophe Guégan.

Propos recueillis par Hubert Guériau