Vice-présidente en charge de l’outre-mer dans la nouvelle équipe fédérale autour de Philippe Bana, Gina Saint-Phor est l’invitée de l’entretien du lundi au moment où débutent les finalités ultramarines à la Maison du handball.

En quoi ces finales ultramarines, les premières depuis 2019, sont particulièrement attendues ?
C’est un rendez-vous très important pour les équipes ultramarines car ce tournoi a fixé un objectif et un but à atteindre à toutes les équipes dans le cadre de la reprise post Covid-19. Dans les territoires, les périodes de couvre-feu et de confinement se sont succédé. Certes, il a fallu trouver d’autres formules sportives pour aller au bout de nos championnats, avec des challenges ou des tournois, afin de participer à ces finalités ultramarines puis nationales. Cette saison, c’était le leitmotiv des licenciés.

La découverte de la Maison du handball représente-t-elle un attrait supplémentaire ?
La Maison du handball crée un lien très fort avec les territoires. Avec les intercomités, les interligues et les interpoles, toutes nos équipes de jeunes passent par la MDH pour préparer ces compétitions. En revanche, c’est la première fois que les adultes vont découvrir cette maison à laquelle nous avons contribué, un outil au service de tous !

Comment l’activité handball a-t-elle traversé la crise de la Covid-19 ?
Lors de la première année de la crise, en 2021, certes il existait un décalage dans le temps mais les territoires ultramarins étaient alignés sur les mêmes mesures que la métropole. Si les championnats adultes ont été arrêtés, les championnats jeunes ont pu se tenir en extérieur. La fermeture des gymnases a été plus longue qu’en métropole. De plus, le confinement s’est poursuivi – sauf à Mayotte – plus longtemps dans nos territoires avec un couvre-feu entre 18h et 19h qui empêchait toute activité à la sortie du travail et de l’école. Ces contraintes assorties de l’obligation du pass sanitaire ont freiné la reprise de notre discipline.

Comment les ligues ultramarines ont-elles conservé le lien avec les licencié.es ?
Dans certains territoires, la reprise s’est effectuée en extérieur avec les championnats de jeunes, au travers des tournois de Beach handball. Jusqu’au 31 mars, les clubs étaient contraints par le pass sanitaire. Lors des compétitions, les contrôles étaient effectués par un élu de la ligue à l’entrée de chaque gymnase. La fin du pass a permis une pratique de davantage de licenciés et de relancer les compétitions telles les coupes et favoriser la continuité des rencontres afin que soient qualifiées les équipes des différentes régions ultramarines pour les finalités Cela a  permis aussi le retour du public dans les gymnases lors des phases finales au mois de Mai.

La crise sanitaire n’a-t-elle pas finalement constitué une opportunité pour le développement du Beach handball ?
Il est vrai que l’avantage dans nos territoires est que climat permet une pratique toute l’année en extérieur. Dans Tous les territoires ultramarins, des tournois ponctuels ont été organisés sur les plages. Mais cette pratique nécessite de la formation. Les cadres sont en période de formation fin de déployer davantage cette activité.
C’est ainsi que Renaud Baldacci, Joëlle Demouge et leur équipe sont intervenus en février 2022 sur la zone Antilles-Guyane pour dispenser une formation très appréciée des différents acteurs présents. La demande de formation reste forte dans nos territoires notamment à Mayotte. Le déploiement dépend aussi de la nécessité d’avoir un encadrement suffisant et formé.

Avec quelle intensité aux Antilles, depuis l’autre bout de la planète, avez-vous suivi les Jeux olympiques l’été dernier ?
Les Ultramarins sont toujours intéressés par les grandes compétitions internationales car il y toujours des compatriotes dans les équipes de France. Pour Tokyo, selon le territoire, nous étions favorisés par les horaires et parfois cela nécessitait de mettre le réveil mais nous étions très motivés… En Guadeloupe, nous avons notamment suivi Méline Nocandy et Allison Pineau. Il y avait aussi Béatrice Edwige, la Guyanaise. La population des territoires ultramarins, au travers des médias et des réseaux sociaux, a fortement suivi le handball et plus largement toutes les disciplines aux Jeux olympiques.

Voici dix-huit mois que tu fais partie de la nouvelle équipe dirigeante de la FFHandball. Quel bilan tires-tu ?
J’ai très tôt accepté de rejoindre l’équipe du Président Bana, il a fallu certes travailler énormément en tant que jeune élue afin de comprendre le fonctionnement de la Fédération et prendre connaissance des différents dossiers.
Je crois que le bilan que l’on peut faire est positif, voire très positif. L’équipe est motivée et très dynamique, prête à travailler ensemble. Je trouve que cet esprit de collaboration, la solidarité entre nous, la convivialité, une grande écoute de la part des uns et des autres élus et énormément de travail ont permis de mettre du lien entre les élus fédéraux et les services de la fédération.

Concrètement, cela se traduit-il par des actions particulières ?
Avec Jeannick Moreau, représentant des territoires ultramarins au niveau fédéral, nous avons le sentiment qu’il y de la reconnaissance du travail effectué ainsi qu’une meilleure prise en compte des doléances et des besoins ultramarins. Nos territoires font partie de la politique globale dans la vision de handball 2024. L’écoute de la Direction Technique Nationale permet de garder nos jeunes dans les territoires avec un accompagnement particulier. Les projets sont clairs et impulsés par les zones ultramarines qui se sont constituées : Antilles-Guyane, océan-indien (Mayotte et Réunion) et la zone pacifique avec la Nouvelle-Calédonie et la fédération Tahitienne. Nous travaillons en effet, au retour de Tahiti dans le giron fédéral, via une convention. Les territoires Ultramarins sont engagés concrètement dans le déploiement de la politique fédérale à l’international dans toutes les zones précitées avec une personne référente sur ce dossier (M. Malinur, ancien CTS) avec l’équipe fédérale constituée. Les Ultramarins font aussi partie des commissions nationales : Emile Catan (Martinique) à la CNA, Ananda Garain (Guyane) à la CNL.

Le recours aux visio-conférences n’a-t-il pas favorisé ces rapports plus étroits entre les élus des territoires ultramarins et métropolitains ?
La période covid a créé d’autres moyens d’échanges. Les visio-conférences ont cette vertu de permettre à tous de se rencontrer. Bien sûr, il faut jongler avec les horaires en raison du décalage horaire, entre la Nouvelle-Calédonie, la Réunion et les Antilles.
Un exemple, En dix-huit mois, je n’ai manqué que quatre réunions du bureau directeur, en raison de mon activité professionnelle car nous pouvons y participer en visio. Ces nouveaux outils ont permis de conserver un lien étroit entre les élus des territoires Ultramarins en plus de notre venue lors du séminaire « Horizon 2024 » et en amont de l’assemblée générale. Avant le séminaire en novembre et en avril avant l’A.G. à Pau, nous avons travaillé entre ultra-marins sur les projets de nos territoires et cela nous a permis aussi de faire des séances de travail avec les différents services de la fédération et les différents pôles. J’ai pu aussi rencontrer les élus des commissions dont je fais partie.

Quelles sont les actions prévues pour associer les licencié.es des territoires ultramarins aux Jeux olympiques de Paris 2024 ?
Nous menons actuellement des discussions avec l’équipe de Paris 2024, dans le cadre du projet « Génération 2024 » ainsi que le dispositif des classes Pierre de Coubertin-Alice Milliat, destinés à constituer un groupe de jeunes ambassadeurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. L’objectif est que nos jeunes puissent être présents en métropole pour vivre cette aventure Olympique et Paralympique. Nous souhaitons aussi la mise en place d’actions périphériques dans nos territoires, actuellement en gestation, car la fédération a tout à y gagner, cela servirait de vitrine de notre discipline le Handball dans les territoires éloignés de Paris à travers le monde.  Notre objectif :  l’Impact de ces Jeux olympiques et paralympiques et l’héritage 2024 pour une pratique du handball pérennisée et qui permettrait à davantage de personnes (à tout âge) de pratiquer.

Propos recueillis par Hubert Guériau