Plus jeune président de ligue (Pays de la Loire), Alexis Huaulmé revient sur les finalités de la Coupe de France où trois clubs de son territoire étaient engagés : le HBC Sautron, l’US Mayenne HB et le HBC Nantes. Une phase finale qu’il a aussi appréciée depuis le banc puisqu’Alexis est également le coach de l’US Mayenne HB finaliste malheureux face à Palaiseau.

Avec 48h de recul, quel est ton sentiment sur la journée finale de Coupe de France à l’Accor Arena de Paris ?
Comme j’ai pu le dire samedi, à plusieurs reprises, à Philippe Bana : la force de cette journée est d’avoir tous nos clubs rassemblés du plus bas niveau amateur jusqu’au plus haut niveau professionnel, dans des conditions d’accueil identiques pour tous les participants. Pour le niveau amateur, se retrouver dans une salle telle que l’Accor Arena, c’est plus que valorisant, que ce soit pour les joueurs, pour les arbitres ou pour les dirigeants. C’est clairement une journée exceptionnelle. Pour l’avoir vécue aussi en tant qu’entraineur, je ne peux que motiver les personnes à vivre cette expérience sur les prochaines années. 

Tu as vécu la finale régionale sur le banc de l’Union Sud Mayenne HB. Au-delà de cette défaite intervenue à l’issue des jets de 7m, les bons souvenirs feront-ils rapidement place à la déception ressentie par tes joueurs ?
Nous évoluons dans le handball amateur et nous sommes avant tout là pour se faire plaisir et c’est ce que nous avons fait pendant une heure. Le match était hyper compliqué pour nous, sans doute l’un des pires matchs que nous ayons produit cette saison. Sans doute que l’enjeu était trop fort, sans doute que n’étions pas prêts à jouer dans une si grande salle. Je n’ai pas revu les images mais je crois que nous avons touché 15 à 16 fois les poteaux. Nous avons déjoué sur notre efficacité. Pour autant, l’expérience est juste incroyable. Une marée rose de supporters nous a accompagnés. Je suis très heureux de l’engagement des dirigeants pour mettre en place cette journée pas si simple avec peu de bus disponible à cette date. Chacun y a mis une énergie incroyable pour faire en sorte que cette marée rose puisse venir à Bercy. On retiendra que, malgré la défaite, les jeunes des clubs, leurs parents et les bénévoles du club, ont vécu une journée exceptionnelle. On a fait briller des yeux, c’est le principal.

Qu’as-tu ressenti en t’asseyant sur le banc du temple du handball français ?
C’est l’avant match qui est incroyable car on n’est pas complètement dans le jeu et concentré sur ce qu’il se passe sur le terrain. Le protocole est exceptionnel notamment avec la présentation des équipes. On prend une puissance de son et une puissance émotionnelle énormes. Ensuite, lorsque le match débute, on se retrouve sur un match classique et on se met rapidement dans sa bulle. Et je dirais encore plus car nous avons été menés tout le match et il fallait trouver des solutions pour revenir. 

À l’issue de cette saison, ton équipe accède à la N3. En quoi cette expérience en finale régionale masculine pourrait vous servir la saison prochaine ?
L’objectif de la saison était très clair : monter en Nationale 3. Cela fait plus de trois ans que nous avions cet objectif mais la crise de la Covid-19 est passée par là et a largement ralenti notre projet. En championnat, nous avons réalisé une très belle saison avec aucune défaite et un seul match nul. Une fois que la montée était quasiment assurée, l’équipe s’est pris au jeu de la coupe France. En rentrant en 16e et en 8e de finale, on s’est dit que la saison pourrait être encore plus belle. 

La formule pourrait évoluer avec une compétition uniquement dédiée aux équipes de niveau national (hors secteur professionnel)…
Je pense que c’est une bonne idée. Il faut que les niveaux départemental et régional conservent leur épreuve, ainsi que les clubs professionnels, mais en fait les catégories de N3 à N1, ont aujourd’hui peu de chance d’accéder à la finale. Créer une coupe de France spécifique leur permettrait aussi d’accéder à ces moments exceptionnels qui fidélisent dans les clubs. Je le répète, il existe un vrai engouement autour de cette Coupe de France qui a vocation à rassembler sur un seul et même lieu, toutes nos populations.

Coach, président de ligue, comment as-tu géré cette journée très dense ?
J’ai vécu trois moments dans cette journée qui a débuté dès 10h30 avec la finale départementale féminine remporté par Sautron. Une victoire a salué bien évidemment, car des trois équipes de notre territoire, c’est la seule qui est rentrée en Pays de la Loire avec la Coupe. J’étais aux côtés des dirigeants du club et de Julien Lahaie, le secrétaire général de la Ligue, pour soutenir l’ensemble l’équipe. Après les garçons de Sautron, c’est la deuxième victoire du club en 4 ans, ce qui est assez exceptionnel. 
Ensuite, j’ai retrouvé mes joueurs pour le déjeuner et le moment de la sieste avant de revenir à l’Accor Arena dans mon costume d’entraîneur. Une fois le match achevé, le protocole passé, et une partie de l’émotion retombée, j’ai remis le costume de président de ligue pour rejoindre mes collègues élus en tribune pour assister au match entre le HBC Nantes et le Paris SG HB.

Cumuler ces deux fonctions, sur la phase finale d’une telle compétition, c’est une situation plutôt atypique, non ?
C’est une chose que j’avais demandée à mes collègues élus, c’est de me permettre d’être un président qui garde un pied sur le 40×20. Nous sommes tous totalement bénévoles et ce qui m’a attiré dans le handball, c’est le jeu en tant que tel, et il est trop tôt pour moi de quitter le terrain. J’ai besoin de garder un pied dans mon club d’origine et notamment sur le 40×20. Ce n’est pas toujours évident en matière de planning mais je veux continuer à entraîner. Je souhaite conserver ma passion pour le handball.

Une passion que tu n’as pu poursuivre sur le terrain, et ce, prématurément…
J’ai arrêté de jouer à l’âge de 17 ans car une blessure au dos m’a empêché de poursuivre. J’ai ensuite arbitré jusqu’au niveau championnat de France. Puis je me suis tourné vers le volet entraîneur et coach. J’étais déjà engagé au Comité de la Mayenne puis j’ai été élu président du club de l’Union Sud Mayenne HB, tout en étant président de la commission territoriale d’arbitrage au niveau de la Ligue. Enfin, après 5 années, j’ai arrêté la présidence du club afin de pouvoir me présenter aux élections de la ligue.

Passionné par le jeu, serais-tu aussi passionné par les réunions ?
Alors je suis plutôt un passionné de l’engagement (sourire). Notre société a besoin d’engagement et surtout de la part des jeunes. Professionnellement, je suis responsable d’une association départementale (Les Francas) où nous défendons l’engagement des jeunes et la mobilisation de notre jeunesse. Concrètement, depuis que je suis tout petit, j’ai toujours baigné dans l’ADN de l’engagement et du bénévolat. Plein de personnes m’ont accompagné et ont tellement donné. Selon moi, c’est une nécessité de travailler le renouvellement de la gouvernance, et ce, le plus tôt possible. On a aussi le droit de penser que l’engagement bénévole peut s’arrêter au moment où on en a envie.  Notre problème aujourd’hui est que le bénévole ne peut pas s’arrêter car personne ne peut le remplacer. Travaillons à la préparation de nos futurs dirigeants.

Mais d’où provient cette vocation, par filiation familiale ?
J’ai commencé le handball à l’âge de 8 ans et c’est mon club qui m’a tout appris. On m’a donné un sifflet, on m’a accompagné, on m’a appris à tenir des tables de marque, on m’a appris à servir le goûter. Voilà, j’ai tout appris dans mon club de handball et c’est lui qui m’a donné cette envie d’être là où je suis aujourd’hui. C’est au travers de l’engagement des jeunes que l’on continuera d’innover. Je ne peux qu’inviter l’ensemble des jeunes dirigeants, dans les clubs en France, de montrer leur envie et de se faire connaître. Il faut peut-être qu’au niveau fédéral, on réfléchisse à une commission jeunesse ou des jeunes dirigeants, afin de réfléchir ensemble à ce que l’on pourra faire pour notre fédération pas dans 3-4 ans mais dans 10 ans. Nous avons fait l’horizon 2024 avec Philippe Bana, en novembre dernier, il faut peut-être dès aujourd’hui le faire à l’horizon 2032.

Comment te projettes-tu dans ta « carrière de dirigeant » ?
C’est de bien faire le travail là où je me trouve aujourd’hui, à savoir rendre le handball le plus simple possible à destination de toutes nos structures. L’objectif est que notre instance soit au maximum à leurs côtés et de les accompagner dans la mise en œuvre de leur projet. Nous sortons de deux années de Covid-19 et, parfois, c’est compliqué de remotiver les gens. Aussi comment, concrètement, on travaille à développer les nouvelles pratiques, sans pour autant que ce soit de l’imposition mais de l’accompagnement des nouvelles pratiques. 
Personnellement, j’avance progressivement, au jour le jour, et j’apprécie de faire profiter de mon expérience. Je suis ouvert à l’ensemble des travaux fédéraux, notamment sur la question de l’engagement des jeunes. Il nous faut réfléchir sur l’engagement qui n’est plus celui de nos aînés.

Quels sont les événements marquants qui vont animer l’actualité de la ligue des Pays de la Loire ?
Nous organisons les interpoles masculins jusqu’en 2024 dans la région nantaise. C’est un très gros événement qui met en avant la formation fédérale et qui donne l’envie aux jeunes de venir sur ce type de tournoi. Mais ce n’est pas un simple tournoi, c’est un véritable événement avec la retransmission des matches en direct, un protocole… Bref, tout ce qui peut contribuer à valoriser ces jeunes qui s’engagent dans des structures de haut niveau. Dans les deux années à venir, nous visons d’accueillir au moins un match de l’équipe de France féminine ou masculine.  Enfin, un projet qui a vu le jour ces derniers mois, c’est la construction de la maison territoriale du handball en Pays de la Loire, soit une petite Maison du handball au niveau local. La décision de son implantation sera décidée au conseil d’administration du 4 juillet : ce sera à Angers ou à Ancenis.

Stevann Pichon le directeur de ta ligue, voit sa carrière d’arbitre mise entre parenthèses après la retraite de Laurent Reveret….
Oui en effet et du coup Stevann va réfléchir à la façon dont il se projette. Ils ont réalisé ensemble une carrière incroyable avec une décennie au plus haut niveau où ils ont connu des matchs de ligue des champions, des Euros et des Mondiaux. Ils ont dû vivre, mercredi passé, une émotion extrêmement forte lors de leur dernier match. Je suis certain que nous les reverrons à l’avenir, leur compétence et leur humanisme, dans l’accompagnement de nos futurs arbitres de haut niveau.

Propos recueillis par Hubert Guériau