L’arrière droit de l’équipe de France entame sa huitième saison au Barça, club qui l’a promu capitaine en remplacement de Gonzalo Perez de Vargas. Auteur de deux premières prestations abouties face à Montpellier puis Magdebourg, Dika Mem, le premier joueur français à porter le brassard*, est parti pour réaliser une grande saison.

Quel est le point commun entre Lorenzo Rico, Enric Masip, David Barrufet surtout David Barrufet, ou Víctor Tomás ?

Le point commun, c’est le bracelet. Ce sont tous de grands joueurs qui ont marqué l’histoire du Barça, par leur longévité comme leur attitude. Je n’aurais jamais pensé, ni rêvé être le capitaine du Barça. Ça m’est tombé dessus, je l’ai accepté avec plaisir. Mais ça ne change pas grand-chose finalement. Je suis l’un des plus anciens au club, et j’incarne du mieux possible ses valeurs, avec ou sans bracelet.

László Nagy a été le premier capitaine étranger du Barça. Comme toi, il est longtemps resté fidèle à cette institution. Pourquoi ne quitte-t-on pas facilement ce club ?

Avant d’évoquer le Barça, j’ai envie de parler de Barcelone. C’est une ville dans laquelle tu te sens extrêmement bien. Il y a le climat, des activités variées, c’est facile d’accès et donc le lien avec la famille et les amis est facilité. Et après il y a le club. Il joue chaque saison sur tous les tableaux, à tous les niveaux. Les dirigeants bâtissent toujours une équipe pour prétendre aux trophées les plus prestigieux. Le Barça, pour n’importe quel joueur ambitieux, c’est le club dont tu as envie de porter le maillot. Pour l’histoire, le maillot, pour gagner des titres.

Tu es engagé jusqu’en 2027, jusqu’à tes trente ans donc. Tu pourrais finir ta carrière en Catalogne ?

Je pourrais, oui. Mais je n’ai pas envie de me projeter. Je pourrais tout aussi bien avoir envie de découvrir autre chose, envie de sortir un jour de ma zone de confort. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a tout, ici, pour faciliter mes équilibres. Le club connaît parfois de petits problèmes, mais il demeure un gros club européen capable de tous les surmonter. 

C’est une fierté de porter ce brassard ?

Bien sûr. Une fierté et un honneur. Je me souviens de tous les doutes que mon transfert avait suscités à l’époque. Certains pensaient que j’étais trop jeune, que ce n’était pas un club pour moi, il y avait même des gens au Barça qui se demandaient qui j’étais vraiment. Mais je crois que j’ai toujours répondu présent depuis que je suis ici. 

Capitaine, est-ce une mission dans ta nature ?

Je crois, oui. C’est d’ailleurs quelque chose que je faisais déjà les années précédentes, même sans le brassard. L’équipe en train de changer. Certains anciens nous ont quittés. Je fais partie des joueurs qui font le lien. Le staff a changé, lui aussi. Je sers de relais. Rassembler, montrer l’exemple, c’est dans ma nature, oui.

Il y a cette photo où l’on te voie avec Aitor Ariño, Tim N’Guessan et Blaz Janc. Ça veut dire que la responsabilité est partagée ?

*C’est toujours comme ça ici. On nomme quatre capitaines au cas où il y aurait un blessé, un absent. Il y a deux ans, Ludo (Fabregas) avait porté le brassard alors qu’il était le quatrième dans la hiérarchie. Cédric Sorhaindo l’a aussi porté plusieurs fois par le passé.

Tu avais à peu près le même âge que Ian Barrufet, Petar et Djordje Cikusa, Javier Rodriguez ou Jaime Gallego lorsque tu es arrivé au Barça. Te demandent-ils des conseils ?

Je me sens investis d’une mission à leur égard parce que je sais ce que c’est que d’arriver dans un tel club à 18 ans. Ils me demandent des conseils, parce qu’il y a des choses que l’on peut faire, d’autres pas, et tu ne sait pas toujours comment te comporter à cet âge. Ce qui est aussi vrai, c’est qu’ils sont cinq ou six entre 18 et 20 ans. C’est plus facile. Moi, j’étais le seul à avoir 18 ans, mais il y avait d’autres joueurs français qui m’aidaient. Répondre à leurs questions, c’est les aider à s’intégrer et c’est bien pour l’équipe. 

Gagner à Montpellier puis devant le tenant du titre, c’est un excellent début de saison pour le Barça…

Barcelone restera toujours compétitif. Tu peux connaître quelques moments compliqués, comme lors de ma deuxième saison lorsque nous avions été éliminés par Montpellier en huitième de finale, mais tu te relèveras toujours. Perdre, ça arrive, c’est le sport, tu ne contrôles pas tout, mais vite se relever, c’est notre marque de fabrique.

Plus douze contre le tenant du titre, c’est quand même une sacrée performance…

En trois rencontres face à Magdebourg, je n’avais jamais gagné. Nous étions tous très motivés.

D’autant que les départs de Ludo Fabregas et Luka Cindric, la blessure de Domen Makuc, le nul à Irun laissaient planer un soupçon d’inquiétude…

Je sais que nous sommes capables de gagner contre n’importe quelle équipe. Nous avons deux très gros gardiens, et ça fait une vraie différence avec d’autres clubs. C’est vrai que nous n’avons plus deux stars à chaque poste. Mais nous sommes sept ou huit à pouvoir être performants si nous évoluons à notre niveau. Le match à Bidasoa nous a fait du bien finalement. Il nous a fait prendre conscience de ça, que l’on devait donner tous ensemble le meilleur de nous-même pour être compétitifs.

Huit buts par match, à plus de 84% de réussite au tir, ça va être ta moyenne cette saison ?

J’ai vraiment envie de réaliser une grosse saison, pas parce que je suis capitaine, mais pour ma progression personnelle. Depuis trois ou quatre saisons, je sens que je prends de l’expérience, que je m’améliore. Le jeu de Barcelone ne dépend pas de moi, mais j’ai le sentiment de contribuer à ses performances.

Pourquoi n’as-tu pas joué contre Torrelavega samedi ?

Le coach a décidé de faire tourner l’effectif.

Guillaume Gille ne tardera pas à dévoiler la liste des joueurs invités à participer au stage à la Maison du Handball à partir du 30 octobre, première étape vers les Jeux olympiques. Cette saison s’annonce dense mais passionnante…

C’est une très grosse saison, oui. Les Jeux de Paris 2024 sont dans la tête de tous les sportifs français, et évidemment de tous les handballeurs qui rêvent d’y participer. Mais il y d’abord un Championnat d’Europe, et je veux que les gens comprennent bien qu’il s’agit d’une compétition à part entière que nous allons aborder pour la remporter. Nous n’allons pas la bâcler ni même l’utiliser comme tremplin. Il faut être capable de profiter de chaque instant, de chaque match, c’est le meilleur moyen d’arriver aux Jeux avec le plein de confiance.