Désigné chef de mission de la délégation française aux JO de Paris 2024, le Réunionnais est déjà pied-d’oeuvre. Sorte de « capitaine » de l’équipe de France olympique, il s’attache à mettre les sportifs dans les meilleures conditions possibles, un rôle finalement sur mesure pour cet athlète au leadership incontestable. 

En quoi consiste cette fonction de chef de mission de la délégation française pour Paris 2024 ?

Le chef de mission est engagé dans la préparation de la délégation française, et doit contribuer à mettre les athlètes dans les meilleures conditions. Il incarne une équipe de France unie, en tant que porte-parole, mais il incarne aussi les valeurs olympiques. Il accompagne les athlètes, dès leur parcours de sélection, et tout au long du chemin qui mène vers Paris 2024.

En fait, c’est une sorte de grand capitaine…

Si on veut, oui. Ou plutôt un grand frère. Mais aussi un très grand fan de tous les athlètes tricolores.

Concrètement, quelles vont être tes missions d’ici la cérémonie d’ouverture ?

Il y a toute une équipe autour de moi, et ça facilite évidemment la tâche parce qu’il y a énormément de domaines dans lesquels je n’ai pas toutes les compétences nécessaires. Des spécialistes m’ont informé dès les premiers dossiers que nous avons eu à traiter, et je comprends mieux aujourd’hui certains enjeux. Pour ma part, je serai beaucoup sur le terrain, à la rencontre des DTN, des entraîneurs, des athlètes. Je me présenterai à eux, je serai à leur écoute, je leur parlerai, s’ils le souhaitent, de mes expériences. Je dois m’imprégner de toutes les différentes atmosphères, et je crois que c’est vraiment ce qui me passionne : aller à la rencontre de gens de milieux différents. 

Quelles couleurs comptes-tu donner à ton rôle ?

Je suis un homme de terrain, et j’irai à la rencontre d’un maximum d’acteurs, c’est l’objectif sur lequel j’ai été positionné. Je veux partager mon expérience, mes connaissances du monde olympique. Je suis allé voir le hockey sur gazon par exemple. L’équipe de France était absente des JO depuis 1972 ! Elle a été privée des grands rendez-vous internationaux pendant de longues années, mais la donne a changé puisqu’elle s’est installée dans le Top 10 mondial. Maintenant, la compétition olympique est différente et nous avons échangé à ce sujet.

Tu iras donc voir les athlètes les plus connus comme les moins connus…

J’irai voir les athlètes de la grande équipe de France olympique. Je ne fais aucune différence entre les hockeyeurs et les grandes stars.

Ce rôle, en fait, ressemble à celui de porte-drapeau que tu avais épousé à Athènes…

Il y a des similitudes parce que ces deux rôles sont des rôles de représentation. Mais une fois que le porte-drapeau aura été désigné, je serai à son côté pour qu’il demeure concentré sur son objectif sportif.

C’est la première fois qu’un sportif occupe cette fonction. Le ressens-tu comme une fierté ?

Bien sûr. Et puisque l’on parle d’Athènes, je ressens aussi cette fierté d’être toujours considéré aujourd’hui, peut-être pas comme exemple, mais comme le porteur de valeurs olympiques. J’ai toujours défendu ces valeurs-là, et cette mission est un éclatant symbole.

« Posséder une légitimité auprès des athlètes, savoir ce qu’ils ressentent, être capable de leur parler, les inspirer » ; a résumé Astrid Guyart, la secrétaire générale du CNOSF. C’est finalement un rôle totalement sur mesure…

En tout cas, je ne forcerai pas ma nature. Je ne l’ai d’ailleurs jamais forcée. Mais c’est vrai, je me sens légitime à ce poste.

Quel souvenir conserves-tu d’Athènes?

C’est un souvenir mitigé. Un très bon souvenir, bien sûr, parce que porter le drapeau est un véritable honneur. Mais je n’ai pas rapporté de médaille à la France et j’ai le sentiment, quelque part, de ne pas avoir été à la hauteur de la mission, d’avoir cassé le maillon parce Marie-José Pérec ou David Douillet avaient, eux, été champions olympiques.

Tu es un homme d’engagements, notamment parrain de l’Association européenne contre les leucodystrophies. L’antenne de La Réunion fonctionne-t-elle toujours ?

Oui, bien sûr, elle fonctionne avec toute l’implication de Jean-Jacques Charolais. J’ai toujours considéré que les grands sportifs, les stars, ne devaient pas seulement être sollicités pour paraître mais également pour agir. Je trouve qu’aller à la rencontre de familles en difficultés a beaucoup de sens et je me suis toujours accroché à l’humain.

Ton fils Melvyn a été champion olympique à Tokyo. Qu’as-tu ressenti lorsque tu l’as vu sur le podium, la médaille d’or autour du cou ?

Une grande satisfaction en tant que papa. Et je me suis aussi souvenu d’une anecdote. J’avais été interviewé en amont des JO 2008 pour estimer les chances françaises. On avait dû évoquer avec le journaliste le fait que je n’avais jamais été sacré. Melvyn était assis pas loin de moi, il n’avait pas même douze ans. Et lui, ce petit merdeux, m’a dit : t’inquiètes pas papa, je les gagnerai pour toi. A Tokyo, il a voulu partager ça avec moi.

Gardes-tu un pied dans le handball ou tes expériences à la tête de Dijon et de la sélection nationale du Gabon étaient les dernières ?

Je suis intervenu dans le beach récemment. Mais c’est tout. 

Vas-tu aller rendre visite aux équipes de France de handball avant le Tournoi ?

J’irai surtout à la rencontre d’athlètes que je ne connais pas. J’espère néanmoins assister à certaines des rencontres de l’Euro pour échanger avec tout le monde. Normalement, je n’aurai pas à me présenter… J’irai voir les filles de l’équipe de France aussi. Je les connais moins. Mais j’aime bien ce qu’elles dégagent.