Seule maman du groupe France, Nina Kanto a laissé son fils Noa à la maison. La Messine en souffre, mais cela ne l?empêchera pas de se battre comme une lionne, ce soir contre la Tunisie, pour le deuxième match des Bleues.


Seule maman du groupe France, Nina Kanto a laissé son fils Noa à la maison pour trois semaines. Un déchirement d?autant plus fort que les communications d?un bout à l?autre du monde ne sont pas aisées. La Messine en souffre, mais cela ne l?empêchera pas de se battre comme une lionne, ce soir contre la Tunisie, pour le deuxième match des Bleues.

« C?est très dur? » D?emblée, Nina Kanto ne cache pas qu?elle vit une épreuve en disputant un championnat du monde si loin de son fils, Noa, bientôt deux ans. La France vient seulement de débuter la compétition, mais la pivot tricolore raisonne un peu différemment des autres. Pour elle, on est à la moitié du chemin : « Sur les quatre semaines de préparation et de championnat, deux se sont écoulées. Heureusement que j?ai pu voir Noa le week-end dernier lors du Tournoi à Paris, grâce à la fédération qui fait le maximum pour qu?il puisse être avec moi lors de certains rendez-vous en équipe de France. Cette première semaine au Brésil s?est mieux passée que je pensais, mais ça reste dur. »

Entre Metz et Sao Paulo, il y a davantage que trois fuseaux horaires? Indisponible lors des entraînements, des repas, des réunions et des plages de soins/récupération, Nina Kanto n?a pas souvent l?occasion de communiquer avec son fils. Le décalage horaire ne favorise pas non plus les choses. « J?arrive à l?avoir au téléphone une fois par jour, dans le créneau 18-20h, heure française. Mais je n?ai pas encore réussi à le voir en vidéo depuis que je suis au Brésil, car la connexion internet n?est pas suffisamment bonne depuis l?hôtel? »

Un doudou, des tétines et des photos dans les bagages
La pivot des Bleues s?en remet à des objets-symboles pour sentir son fils auprès d?elle. « J?ai pris dans mes bagages un de ses doudous, avec son odeur, et je lui ai laissé un T-shirt avec la mienne. J?ai aussi des photos de lui sur ma table de nuit, des tétines dans mon sac? J?écris son prénom sur le strap autour de mon pouce, et puis j?ai sa photo sur ma chaîne. Je la garde toujours autour de mon cou. En match ce n?est pas autorisé de jouer avec, mais je la cache sous ma brassière, du côté du c?ur? Il m?arrive de la toucher de temps en temps, quand je viens de rater quelque chose. »

Nina a déjà vécu cette séparation, l?an dernier lors de l?Euro en Norvège et au Danemark. Mais le contexte était différent : « Il était plus petit, et c?est surtout moi qui souffrais, explique-t-elle. Là, il est plus conscient de la situation. Déjà qu?il pleure quand je le laisse à la crèche? J?assume de devoir souffrir, car c?est mon choix, mais je n?accepte pas l?idée que lui puisse en souffrir. Je suis allée voir un pédopsychiatre pour préparer cette période de séparation, car je ne veux pas que mon fils m?en veuille. On m?a rassuré en me disant que la frustration faisait partie de l?éducation d?un enfant. J?en ai également discuté avec des anciennes joueuses devenues mamans. Elles m?ont dit que j?avais la chance de pouvoir vivre des émotions sportives que je ne vivrais plus après. Et puis je fais aussi tout ça pour mon fils, pour qu?il soit fier de moi plus tard. Véro (Pecqueux-Rolland) m?a raconté combien son fils Gabin était fier d?elle, c?est presque comme s?il lui demandait de rejouer ! »

L?entraîneur de l?équipe de France, Olivier Krumbholz, fait son possible pour accompagner sa joueuse. Il comprend bien l?épreuve qu?elle traverse : « Nina a une relation fusionnelle avec son fils. Elle en bave un peu, mais je trouve qu?elle gère la situation relativement bien. D?une manière générale, les mamans apportent quelque chose de plus au groupe, car elles reviennent plus fortes mentalement. Elles savent pourquoi elles font ces sacrifices. » Ce que confirme Nina avec ses mots : « Ma hantise, c?est de venir ici et d?être nulle? » Elle est en tout cas reconnaissante auprès de ses copines de l?équipe de France qui l?aident à surmonter cette épreuve, et qui sont autant de « tatas » pour Noa lorsqu?il vient en stage : « Dans la chambre, Poly (Paule Baudouin) me fait beaucoup rire et oublier. Dès que Siraba et MP (Dembélé et Marie-Paule Gnabouyou) voient que je baisse la tête, elles viennent tout de suite me la relever. Et puis les victoires aident aussi à positiver? » Les Françaises savent ce qui leur reste à faire, ce soir face aux Tunisiennes, pour soulager leur coéquipière.