Il est le chef d’orchestre, le général, celui qui donne les ordres. Evgeni Vasilevich Trefilov a mené les Russes au sommet. Trois titres de championnes du monde (2001, 2005, 2007) et la Ligue des Champions (2008), avec Zvezda Zvenigorod. L’homme à l’air patibulaire et au physique architectural entend bien mener sa troupe sur la première marche du podium olympique. Un chemin qui passe, ce soir, par une victoire face à la France.


Il ne cesse jamais de marcher. Il déambule. S’agite. Ne connaît de répit que si son corps, fatigué, l’y contraint. « Je sais que ce n’est pas bien pour ma santé, mais je ne peux plus revenir en arrière. C’est un combat contre moi-même. Et je ne sais pas si je vais le gagner. » Et c’est sans doute le seul et unique talon d’achille de cette armada russe. Si le capitaine ne dicte pas le cap à tenir, le bateau peut chavirer.

Il y a quelques mois, en Ligue des Champions, alors que Zvezda menait de quinze longueurs, il a dû se résoudre à lever le pied. « Je ne me suis pas senti bien, alors je suis resté assis sur le banc. On a gagné de justesse, de cinq buts. J’ai demandé aux filles ce qui était arrivé. Elles m’ont répondu qu’elles ne m’avaient pas entendu, et qu’elles ne savaient plus quoi faire…« 

Rabot !

Alors oui, l’individu peut paraître odieux, excessif dans ses réactions, quand il sermonne sans pitié ses soldates. Mais les résultats sont là. D’abord poulain du grand Vladimir Maximov avec qui il est allé décrocher un titre de champion du monde masculin en 1997, Trefilov se voit offrir les manettes d’un club féminin. Celui de Kuban. Et éprouve sa méthode. Son leitmotiv : rabot. Le travail. Il n’a que ce mot à la bouche. « Le travail, gronde-t-il, c’est 90% de la performance. Le don, c’est juste 10%« . C’est sans doute pour ça qu’il ne manque jamais une occasion, un motif, pour vilipender ses filles. Quand bien même elles domineraient de la tête et des épaules l’adversaire. Jusqu’à pousser certaines à lâcher quelques larmes de vexation.

Mais la méthode – si elle en chiffonne certains – a fait maintes fois ses preuves. Et pourrait bien asseoir un peu plus la domination russe sur le handball féminin, samedi. Et faire définitivement de Trefilov l’entraîneur le plus prolifique de l’Histoire. A moins que les Bleues….