Impressionnante de constance et d’efficacité, Amandine Leynaud a illuminé le TQO de sa grâce et de son talent. Solide, elle a surtout confirmé une ascension pressentie. Tout en préservant sa délicieuse discrétion.


Bien sûr, elle n’a pas pipé mot sur sa brillante prestation tout au long du tournoi. Amandine Leynaud est ainsi : modeste, sans forcer le trait. Pourtant, en 28 sélections, et particulièrement ce week-end, la gardienne de Metz n’a eu de cesse d’étonner, de ravir. Après un partie généreuse et impeccable face aux Ivoiriennes vendredi (12 arrêts dont trois sur trois au jet de sept mètres et 80% de réussite), elle n’a guère baissé de régime hier contre la Corée. Olivier Krumbholz a réédité l’expérience de la veille en lui confiant le but pendant la seconde période. « Bien sûr, ça m’a fait plaisir qu’il me fasse confiance, confesse finalement Leynaud. Surtout sur un match comme celui là ». Puis face au Congo dimanche, elle a très vite remplacée Valérie Nicolas dans les buts, pour parfaire son fantastique week-end. C’est donc logiquement qu’elle termine meilleure gardienne du TQO nîmois (54%, 34/63 arrêts) et meilleur stoppeuse de pénaltie (64%; 7/11 arrêts).

Etonnante de constance et de maturité, celle qu’on surnomme Doudou a fait le travail. Sorti une collection de jets de sept mètres, aussi. « Le mondial m’a permis d’avancer, de me découvrir davantage. Quand je rentre sur le terrain, ce que je souhaite, c’est que les filles aient confiance. Qu’elles sachent qu’elles peuvent s’appuyer aussi sur moi. Comme je m’appuie sur leur défense ». Amandine s’affirme. Dans le jeu et dans la façon d’exister, de vivre son match. La salle du Parnasse a pu la voir serrer les poings et crier sa rage d’avoir renvoyer le ballon adverse loin de son but. Pas dans ses habitudes. Vendredi, elle n’avait pas, non plus, dissimulé son mécontentement après une relance qu’elle jugeait approximative.

« Rêve de gosse »

Vu la densité de ses deux dernières prestations, on imaginait bien Olivier Krumbholz lui offrir trente nouvelles minutes face au Congo. Et on s’attendait à ce que la fille de l’Ardèche sache, comme depuis le début du TQO, saisir l’offrande à pleine volée. Sans vague. Sans en rajouter. Ce fût bien évidement le cas. Et c’est là, aussi, que Leynaud puise sa force : dans l’humilité, la discrétion. A pas de loup, elle est parvenue à exister, non pas dans l’ombre, mais aux côtés de la légende Valérie Nicolas. Si cette dernière demeure indéniablement la numéro 1, les deux gardiennes entretiennent une relation équilibrée. Petite, Amandine admirait la gardienne d’Ikast. Elle partage, aujourd’hui, un rêve avec elle depuis sa première sélection au tournoi de Paris-Ile de France face à l’Allemagne. A l’époque, « Doudou » aspirait à une installation durable en équipe de France. Depuis, c’est elle qui a été choisie pour participer au mondial. Et à ce TQO, où elle nous a éclaboussés de sa classe et de son talent.

La suite ? Les Jeux… « C’est avant tout un rêve de gosse, sourit-elle. Et puis, c’est vrai que, si nous y allons, ce groupe a envie d’y faire quelque chose, parce que ce sera la dernière compétition pour certaines. Et j’ai vraiment envie de prendre part à l’aventure ». Comment pourrait-il en être autrement ?