Il n’y a pas eu de suspens à l’occasion de la finale nationale féminine entre Metz et Paris 92 en début de soirée. La marche était trop haute pour un collectif parisien qui a tout de même noté le retour apprécié de Méline Nocandy. Mais le champion de France a fait parler son talent, son expérience et sa sérénité pour faire respecter la hiérarchie.

Dans la lignée des oppositions féminines depuis le début de la journée notamment, on retrouvait en dernier lieu, pour la grande explication nationale, une finale entre un représentant parisien et un autre provincial. Mais aussi cette fois un grandissime favori, sur le papier en tout cas. Car auréolé récemment d’un nouveau titre de champion de France, Metz faisait figure d’épouvantail, même si les voisines du Paris 92 évoluaient presque à la maison et comptaient profiter pleinement de ce retour dans les sommets. Restait à savoir comment les Mosellanes avaient digéré leur élimination aux portes du Final Four d’une Ligue des champions qu’elles visent à conquérir. Alors que les Parisiennes s’avançaient à l’image d’une saison sur courant alternatif, entre blessures, absences et contre-performances. La réponse ne tardait pas à venir sur le terrain. A peine deux minutes de jeu, Jorgensen et Valentini avaient déjà donné le ton du match (2-0). Et rien ne serait pardonné à des franciliennes aussitôt condamnées à courir après le score (5-1, 3e). Ce n’était pas le meilleur moyen pour exister dans ce match. D’autant que la bande à Emmanuel Mayonnade ne lâchait rien, au rythme des contre-attaques de Debbie Dont, Chloé Valentini et Sarah Bouktit (9-4, 10e ; 13-7, 15e ; 17-9, 25e). Pas question pour autant de baisser les bras dans les rangs du collectif de Yassine Messaoudi. En dépit également du retour en vain de l’internationale Méline Nocandy, enfin alignée sur un terrain après sa sérieuse blessure au genou il y a plus d’un an. Son entrée en matière manquait logiquement de rythme. Mais en inscrivant trois buts dans les deux ultimes minutes, Paris 92 regagnait les vestiaires avec un débours minimum de cinq unités finalement (18-13).

Une onzième coupe à la sauce lorraine

Comme un symbole, Méline Nocandy signait cette fois son retour sur le terrain par un but dès la reprise (18-14). L’espoir allait cependant être de courte durée, la réponse messine ne se faisait pas attendre, et trois minutes plus tard, le score avait repris des proportions plus larges (22-15, 33e), au gré des contributions toujours de Valentini, Jorgensen, Bouktit et Bont. Dans la foulée, c’était au tour de Sako dans les buts, Maslova et Horacek sur le terrain, de se mettre en évidence pour porter l’estocade et donner le coup de grâce à leurs adversaires (26-16, 40e). Et encore deux autres deux minutes plus tard (28-16). Il ne faisait plus de doute du vainqueur à l’orée du dernier quart d’heure. Yacine Messaoudi, l’ancien adjoint de Mayonnade, prenait bien un temps-mort pour stopper l’hémorragie. Rien n’y faisait et les jeunes prenaient du temps de jeu, à l’instar de Thobor, Cissokho, Fofana. Alors que Blonbou, Niombla, N’Gouan, Kanouté, Lassource et Serdarevic essayaient de limiter la casse. L’addition était pourtant salée à l’approche des dix dernières minutes (31-18, 48e). Emmanuel Mayonnade en profitait pour ouvrir son banc, sans relâcher la pression d’une Kristina Jorgensen aussi à l’aise en défense qu’en attaque. Ainsi, Emma Jacques, Laura Kanor et Camille Depuiset prenaient respectivement le relais de Valeriia Maslova, Cholé Valentini et Hatadou Sako. Debbie Bont était à la conclusion d’une énième offensive (33-19, 53e). Le Blevec, Barthelemy et Schulze terminaient le travail des cinq dernières minutes, Emmanuel Mayonnade pouvait déjà saluer ses troupes et les embrassades se succédaient sur le banc de touche. Même Stelvia Pascoal se voyait offrir du temps de jeu. La coupe était pleine pour des franciliennes sans ressource. Metz inscrivait pour la onzième fois son nom au palmarès de la coupe de France. Un record de plus en plus notable dans le secteur féminin. En tribunes, les supporters de Metz pouvaient passer le relais à ceux de Montpellier, autre bastion réputé de la discipline.

DÉCLARATIONS

Emmanuel Mayonnade (entraîneur Metz) : Nous avons préparé cette finale comme des malades. Après Chambray où les filles ont fêté le titre, elles ont deux jours off et à partir du mercredi, elles ont enchaîné avec beaucoup d’intensité. C’est ce qui fait que l’on a produit ce match ce soir. Les filles auraient pu lâcher après la déception du quart de finale retour de la ligue des champions. Nous ne voulions pas ressasser cette élimination à l’occasion du Final Four de à Budapest. On s’est entraîné deux fois samedi pendant les demi-finales. Je suis super content du comportement de l’équipe. C’est dur quand même d’en arriver-là. Nous terminons cette saison en beauté et du coup cette aventure avec certaines. On s’était dit qu’il n’y aurait pas de mauvais scénario pour nous. Il fallait commencer et taper fort, ne pas faire d’erreur et rester concentré. Nous avons respecté le plan au pied de la lettre. J’ai aimé la réaction et le rebond de toute la structure après la déception de la coupe d’Europe. C’est la force de Metz.

Tamara HORACEK (joueuse de Metz) : Ca a été une finale parfaite, de la première à la dernière minute. C’était un peu spécial pour moi, les soixante dernières minutes avec les filles, mais on voulait toutes bien finir cette saison extraordinaire. Il faut le dire, on gagne deux titres en maitrisant notre sujet, je pense qu’on peut être très fier de nous. On savait que, ce soir, si on était sérieuse et qu’on faisait le boulot, ça passerait. C’est ce qu’on a fait, de A à Z. Même si ça n’a pas été simple de s’entrainer sans match pendant aussi longtemps, franchement, ce n’est pas non plus la mort. Je préfère partir en vacances plus tard et gagner un trophée que de partir dix jours plus tôt. On a mérité de jouer dans un Bercy plein avec mes copines, plutôt que de partir en vacances. Là, on a pris un dernier trophée, on finit bien l’année et on peut penser à autre chose.

Yacine MESSAOUDI (entraîneur Paris 92) : Il y a de la déception de perdre une finale, forcément, quand tu es à soixante minutes d’un titre, tu as envie de le gagner. Mais ce soir, il y avait deux classes d’écart entre nous et Metz, encore plus car on avait plein de joueuses blessés ou diminuées. Il y a forcément de la déception de ne pas être capable de faire la match sur la durée. Vu la différence, on relativise quand même la défaite, il n’y avait vraiment pas photo. C’est toujours bien de retrouver Méline sur le terrain, même si elle n’avait que dix jours d’entrainement dans les jambes. Même à 30%, elle peut apporter plus que certaines à 100%. Il y a clairement une vie avec Méline et une vie sans Méline, et je suis très content de l’avoir retrouvée.

Gnonsiane NIOMBLA (joueuse Paris 92) : J’ai un goût particulier de finir ainsi sur une si lourde défaite. On savait que Metz était une montagne, mais il y a eu beaucoup trop de manquements dans notre jeu afin de pouvoir rivaliser ce soir. Elles sont clairement physiquement, collectivement, handballistiquement plus forte que nous. Il fallait faire le match parfait pour espérer au moins rivaliser. Ce ne fût jamais le cas. Nous n’avons pas existé ce soir. Nous avons montré un sentiment d’impuissance dès le début du match. Et je ne vous parle pas du non-respect des consignes. Nous n’avons rien respecté de ce que l’on avait mis en place depuis deux semaines. Cela ne sert à rien. Maintenant, l’équipe est jeune, pour la plupart c’était une première finale, dans un contexte particulier, et un endroit, Bercy, qui parle à tous les handballeurs. Nous n’avions tout simplement pas les moyens de les défier. Je pense que c’était mon ultime finale. Mais j’espère que mes jeunes partenaires voudront revenir et montrer un autre visage que celui-là.

Déborah Lassource et les Parisiennes ont été prises dans l’étau lorrain. (Photo FFhandball /Icon Sport)

programme ET RÉSULTATS DES FINALES 2023

Départementale féminine : HBC La Fare (13) – Paris XO Handball (75) 17-24 (7-11)
Départementale masculine : Handball Club Grabellois (34) – Entente Cellois Louveciennes 23-30 (10-17)

Régionale féminine : Nim’Arguerittes HB (30) – CSA Kremlin Bicêtre (94) 24-17 (9-9)
Régionale féminine : Sud Action Marseille (13) – Amicale Épernon (28) 31-30 (17-17)
Nationale féminine : Metz HB (57) – Paris 92 37-24 (18-13)
20h30 – Nationale masculine : Montpellier HB (34) – HBC Nantes (44)