Dans exactement 38 semaines, s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. Quinzième épisode avec « Lot de consolation dès potron-minet ».

SYDNEY 2000 – FEMMES

Lot de consolation dès potron-minet

C’est un matin tristement banal, un matin pour ruminer l’échec de la veille. La défaite en prolongation face au Danemark en quart de finale oblige ces Bleues dépenaillées à cet obscur match de classement face au Brésil. Il est 9h30. L’atmosphère est pesante. Le moment incongru. Les demoiselles d’Olivier Krumbholz ont très mal dormi, une fois encore. Elles ont les yeux rougis par le chagrin. Le réveil musculaire est vite expédié. La cérémonie qui précède la rencontre est peu engageante. Ces Jeux sont loupés. Comme déjà terminés. « Il n’y avait pas grand monde dans la salle, se souvient Véronique Pecqueux-Rolland, ce n’était clairement pas le moment que nous étions venues chercher. »

Messieurs Kalin et Korić donnent le coup d’envoi dans ce dôme nu qui s’apprête à abriter les demi-finales. A peine dix minutes plus tard, le score est de 6-1 pour la France. Véronique Pecqueux-Rolland a marqué trois fois. « En fait, raconte celle qui sera plus tard désignée meilleur pivot du tournoi, on était toutes marquées par l’élimination et par le fait que nous n’avions pas réussi la performance que nous escomptions. Ces Jeux ont été difficiles à vivre psychologiquement. Aucune d’entre-nous n’avait l’assurance de participer à l’édition d’après, et il y avait un sentiment de gâchis. Mais j’avais néanmoins à cœur de terminer le mieux possible. Je ne voulais pas galvauder ce rendez-vous. »

À la pause (16-9), le match est déjà plié. Aline « Chicôria » Silva a beau se démener, les Françaises n’offrent aucun répit. Chana Masson est impuissante dans ses buts, mal réveillée elle aussi. Véronique Pecqueux-Rolland multiplie les larcins, enchaîne les montées de balle. Elle inscrit douze buts à 100% de réussite assortis de cinq interceptions. « Je marchais sur l’eau, sourit-elle, sans même savoir pourquoi. Je me sentais bien, ça arrive parfois de se sentir en totale confiance. Mes parents étaient dans la salle. Julien, mon mari, aussi. Je voulais faire bonne figure, mais je voyais bien que mes parents souffraient pour moi. Ils avaient fait ce long voyage, c’était la première fois qu’ils prenaient l’avion, et ils savaient que je n’étais pas à l’endroit où je voulais être. »

Dans ce tournoi, l’électron libre n’a manqué que cinq tirs, un devant la Hongrie, un autre face à l’Angola, deux face aux Roumaines et un dans ce satané quart de finale. Trente-huit buts au total à 88,4% de réussite, la meilleure moyenne de toutes les participantes. Et elle a aussi subtilisé 2,3 ballons par match, un record. Mais on retiendra d’abord ses larmes chaudes, à peine contenues après le revers concédé au premier tour aux Hongroises, ruisselantes contre le Danemark. Mais on retiendra aussi ce drôle de carton plein.