Dans exactement 22 semaines, s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. 29e épisode avec « Victime de la bête noire ».

ATHÈNES – FEMMES
Victime de la bête noire

La première fois, c’était un soir de décembre, à Groningen, lors du mondial 1986. La deuxième à Sydney. La troisième à Zagreb. La quatrième à quelques pas d’ici, au pavillon des sports de Faliro. Quatre duels. Quatre revers cruels. La bête noire, agile, rapide, est originaire d’Asie de l’Est. Dominante. Ténébreuse. Demi-finaliste de toutes les éditions depuis 1984. Championne olympique à Séoul puis Barcelone. Championne du monde en 1995.

La Corée du Sud a le pas d’autant plus assuré qu’elle s’est facilement jouée de Françaises déboussolés (21 balles perdues) au tour principal. 30-23. Avec 19 arrêts pour Oh Yong-ran à 45% de réussite. 8 buts pour Lim O-kyeong et un nouveau festival de Oh Seong-ok, capable de distiller six passes décisives et de chaparder trois ballons en à peine vingt-cinq minutes.

Pourtant, ce 27 août à l’Olympic Arena d’Helliniko, Isabelle Wendling est une nouvelle fois étourdissante. Véronique Pecqueux-Rolland a retrouvé ses sensations, Stéphanie Cano toute sa verve. A la 21e minute, dans leur sillage engageant, les Bleues mènent 13-9 et semblent enfin décomplexées. Mais elles ont beau être les championnes du monde en titre, elles ont beau avoir capitalisé de la confiance face à la Hongrie, elles ne sont finalement que des novices, pas encore rompues à ces joutes solennelles. Alors, de façon sournoise, elles commencent à baisser la garde, tâtonnent l’espace d’un bref instant. Tapies, les Coréennes reviennent à hauteur à la pause (15-15) puis infligent un cuisant 4-0 au retour du vestiaire.

Les griffes de la bête noire sont acérées. La proie maintenant affaiblie. Joanne Dudziak ne parvient pas à freiner Lee Gong Joo ni aucune de ses partenaires. La gardienne avait été précieuse en quart de finale, au relais d’une Valérie Nicolas victime d’une rupture des ligaments croisés antérieurs du genou gauche. Seule, elle ne peut cette fois colmater les brèches ouvertes dans une défense fissurée. A la 52e minute, la Corée du Sud a son billet pour la finale en poche (30-23). Ne reste plus qu’à le composter. Un 5-0 entretient un infime espoir (30-28, 55e), assaut cinglant mais tardif. Beau mais vain. Moon Kyeong-ha, entrée au relais de Oh Yong-ran, détourne un quinzième ballon et les sursauts de Sophie Herbrecht puis Myriam Korfanty ne font qu’attiser l’amertume (31-32).

Les Coréennes dansent maintenant autour de leur dépouille. La bête noire est restée fidèle à sa réputation. Mais le groupe bleu, ce soir-là, jura qu’on ne l’y reprendrait plus…