En mars dernier, Valentin Porte renonçait à participer au rassemblement de l’équipe de France dans le cadre de la Golden League. Le capitaine des Bleus ressentait la nécessité de se régénérer physiquement et mentalement. Il a effectué son retour au sein du collectif à l’occasion de l’ultime stage de la saison.

Dans quel état d’esprit abordes-tu ce stage après ton absence lors du précédent en mars ?
Je n’ai raté qu’un stage mais j’ai l’impression que cela fait longtemps que je ne suis pas venu en équipe de France. Les joueurs étaient contents de me voir et je crois que cela fait plaisir à beaucoup de monde, je me suis fait un peu chambrer. Je me suis excusé de ne pas être venu au stage précédent. J’ai aussi expliqué un peu le pourquoi du comment et que je ne me sentais vraiment pas bien. J’avais vraiment coupé et je n’avais pas suivi les matchs. Voilà, je suis aujourd’hui très heureux de retrouver tout le monde. Il reste encore beaucoup de travail mais je vais mieux ; je suis sur la bonne voie. Je remonte la pente dans ma vie privée et professionnelle. Lors des échanges avec Guillaume Gille, je lui ai dit que j’allais de mieux en mieux, que je ressentais moins d’angoisse et que j‘étais prêt à retrouver le groupe.

Le fait que ce soit le dernier rassemblement avant plusieurs mois, est-ce que cela a pesé dans ton choix de revenir ?
C’est en effet la dernière semaine avant un long break et je ne me voyais pas être à nouveau absent. Je me sens mieux et je prends le temps de réfléchir et de digérer. En étant qualifié pour le Mondial, on s’est donné le luxe de disputer deux matches amicaux en France, sans pression, tout est réuni pour que ce soit vraiment une bonne semaine, tout est réuni pour en profiter. Enchainer deux saisons avec les J.O., c’est vraiment compliqué pour la tête et le corps ; alors on ne peut pas rêver de jouer sans pression face à l’Espagne, une très belle nation, et devant son public. D’autres équipes vont en effet jouer leur qualification pour le Mondial alors que nous évoluerons sans pression mais nous allons évidemment tout faire pour gagner les deux matchs. Cela fait du bien de voir autre chose avec un style différent des pays nordiques que nous avons plus l’habitude de jouer. Cela nous permettra de nous jauger sur autre chose. Nous avons battu les Espagnols assez largement la dernière fois (NDLR : lors du tour préliminaire des J.O.) et ils auront à cœur de montrer un autre visage. Pour nous, ce sera l’occasion de marquer encore plus notre territoire et d’essayer de les dominer.

Comment as-tu vécu le tourbillon médiatique qui a entouré ton forfait et l’annonce de thérapie ?
Je l’ai bien vécu car je l’ai provoqué. Si je n’avais pas voulu qu’on en parle, je l’aurais gardé pour moi. Avec cette démarche, cela m’a fait du bien d’en parler et, peut-être, d’aider d’autres personnes à en parler aussi. Je ne l’ai pas fait pour me faire plaindre mais pour exprimer mon ressenti avec le désir d’expliquer les choses. Je fais partie des personnes qui pensent que tout va bien dans notre bulle. Quand on regarde en dehors de cette petite bulle, on constate qu’on n’est pas forcément dans le vrai. Cela fait ouvrir les yeux et fait penser qu’il n’y pas que le hand, qu’il existe des choses importantes, notamment la famille. Même lorsque je rentre à la maison, j’ai tendance à surinvestir pour le club. Mais il faut un temps pour tout, pour la famille, les amis… Il faut apprendre à hiérarchiser.

Propos recueillis par Hubert Guériau