Vice-championne olympique de Rugby à VII à Tokyo, elle a signé sa première licence chez elle, au Pays d’Auray Rugby-club, en Bretagne, à l’âge de cinq ans et demi, avant de bifurquer vers le handball à treize ans, au Pays d’Auray Handball, guidée par Solène Royer. Marraine du PARC, elle garde une affection teintée de nostalgie pour une discipline qui lui a offert ses premières émotions avec les montées en pré-nationale puis en Nationale 3.

Avez-vous suivi la première moitié de Coupe du monde de rugby depuis les Fidji ?

On l’a suivie à distance, mais c’était assez compliqué. Avec le décalage horaire, les matches de l’équipe de France se déroulaient à 7 heures le matin, et la connexion n’était pas toujours de bonne qualité. Nous avons aussi suivi l’actualité des Bleus sur les réseaux sociaux, et j’ai hâte, désormais, de vivre la phase finale « à domicile ». C’est une véritable chance de pouvoir accueillir une coupe du monde en France, et l’engouement me paraît à la hauteur en tout cas.

Avez-vous, vous aussi, été « bouleversée » par la blessure d’Antoine Dupont ?

J’ai cru comprendre, oui, que sa blessure avait été largement commentée en France…

Quel était l’objet de ce stage avec l’équipe de France de rugby à 7 ?

C’était un stage de cinq semaines pour nous lancer dans la meilleure dynamique possible dans cette année olympique. Le staff avait à cœur d’aller chercher ce qui se fait de mieux dans ce sport aujourd’hui. Les garçons sont double champions olympiques, les filles médaillées de bronze à Tokyo. Les Fidjiens ont surtout une façon de se préparer physiquement assez spécifique, une culture différente et très marquée, et ce stage était finalement assez inspirant. On a profité des dunes de sable de Sigatoka pour s’entraîner. Il y avait de très bonnes ondes positives dont on va pouvoir s’imprégner.

Les Bleues du XV sont actuellement en stage dans l’hémisphère sud. Sans vous…

Clairement, ma priorité, aujourd’hui, va au rugby à 7. Mais je ne suis pas fermée au XV.

Pourquoi le VII ?

Les entraîneurs que j’ai côtoyés m’ont bien vendu la discipline, et je m’y suis attachée. Je suis très rugby à XV, question de filiation. Mais j’ai été sensibilisée sur le tard, à partir de Rio en fait. J’étais convaincue qu’il fallait courir le 100 m en 11 ou 12 secondes pour faire une bonne joueuse à VII. Mais c’est bien plus complexe que ça. C’est physique, bien sûr, mais c’est un autre type de jeu, où il faut créer des intervalles, mettre les filles dans de bonnes dispositions, énormément anticiper. Ce n’est pas toujours l’équipe qui dispose des meilleures individualités qui l’emporte, mais celle qui présente les meilleurs équilibres, qui a le mental le plus fort et ça, ça me plaît.

Est-ce que vous suivrez le Championnat du monde de handball féminin, en décembre en Scandinavie ?

J’aime vraiment suivre tous les sports. Précisément le sport collectif. Et je garde bien sûr toujours un œil sur le handball. Quand mon emploi du temps le permet, je suis le parcours des filles, oui.

Avez-vous eu l’occasion de croiser certaines filles de l’équipe de France en 2021 à Tokyo ?

C’était mes premiers Jeux, et je me souviens qu’elles s’étaient réunies au bas de l’hôtel pour une photo. C’était assez drôle, j’étais comme une fan, j’avais cet œil de petite fille, d’ancienne handballeuse qui voit des stars pour de vrai. J’avais également croisé les frères Karabatic au village olympique, et je n’avais pas résisté à l’envie de marquer la rencontre d’une photo. Il n’y a qu’aux Jeux olympiques que cette dimension d’unité existe vraiment.

Pensez-vous que vous auriez pu les accompagner si vous aviez privilégié le handball au rugby ?

C’est vraiment une question que je me suis souvent posée, que l’on m’a souvent posée et que je me pose parfois, encore, aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est que j’aime me surpasser, me challenger, que lorsque je me fixe un objectif, j’emploie tous les moyens pour l’atteindre. Je me connais, je sais ce dont je suis capable lorsqu’il s’agit de repousser les limites.

Mais vous avez bifurqué…

J’ai enchaîné les deux sports pendant un moment. Je jouais au handball le samedi soir et au rugby le dimanche. A la fin de la saison 2015/2016, j’ai dû prendre une décision et j’ai opté pour le rugby.

Comment aviez-vous découvert le handball ?

Au collège. En Bretagne, on le pratique pas mal en scolaire. Il s’avère que mon professeur était également entraîneur en club. Il m’a inscrite dans les compétitions UNSS, puis il m’a accompagnée au Pays d’Aurais Handball. C’était une chouette époque, je jouais avec les copines, on participait à des compétitions départementales, et on évoluait ensemble au club. Nous étions en pré-nationale, nous gagnions tous les week-end et nous sommes montées en Nationale 3. C’était à ce moment-là que j’ai choisi le rugby.

Quels souvenirs gardez-vous de ces années au Pays d’Aurais HB ?

Honnêtement, il n’y a que des bons souvenirs. Finir sur une montée, c’était un moment vraiment fort. Mes amies les plus proches datent de ces années-là. C’était, et c’est toujours, un club familial. Personne ne se prend la tête. La vie était facile. Encore aujourd’hui, je suis très attachée au club. Il m’arrive même de m’entraîner parfois avec elles.

Mais qu’est-ce qui a fait pencher la balance en faveur du rugby ?

Je ne sais pas, il me manquait un petit truc, et ce petit truc, je le trouvais au rugby. Mais je n’ai pas effectué ce choix sans regret. Si je m’écoutais, si c’était possible, je pratiquerais les deux. Ils sont hyper complémentaires en fait. Et je suis même certaine que le handball m’a aidé à être la joueuse de rugby que je suis aujourd’hui.

On dit que les deux sports se ressemblent, dans la philosophie, la recherche d’intervalles, le contact…

Dans l’état esprit aussi.

Si l’on vous offre un déjeuner à l’auberge du Pont d’Acigné, à Noyal-sur-Vilaine, vous emmènerez Dan Carter ou Nikola Karabatic ?

Ouh là là… Elle est dure cette question. Je prendrais Dan Carter. Nous nous sommes déjà rencontrés, c’est un homme extraordinaire. Mais je pense que Nikola Karabatic l’est tout autant. Je ne le connais pas. Mais au-delà du joueur exceptionnel qu’il est, j’ai l’impression qu’il est également doté d’une personnalité hors du commun. Sa carrière, sa longévité sont exceptionnelles. On voit parfois éclore certaines pépites, mais il est toujours là, performant, efficace. Il me semble hyper humble en plus. C’est vraiment quelqu’un d’inspirant.

Où serez-vous le 30 juillet prochain ? Au Stade de France ?

Je l’espère sincèrement. Vivre une finale olympique à Paris, c’est quelque chose qui fait évidemment rêver.