Élu meilleur arrière droit du Mondial 2017 puis champion olympique en demi-centre, Nedim Remili revient sur cette évolution dans son registre. Il évoque aussi le programme exaltant des prochains mois.

Dans quel état d’esprit es-tu à l’aube de cette saison et de ses deux compétitions majeures : EHF EURO 2024 et Jeux olympiques 2024 ?

Je ressens de l’excitation devant cette saison incroyable qui se profile. J’ai la chance, que ce soit en club ou en sélection, de faire partie de deux équipes qui me permettent d’avoir l’ambition de tout conquérir. Je suis impatient d’arriver dans des moments clefs de cette saison pour pouvoir aller chercher les graals.

Pour le Cristolien que tu es, en quoi les Jeux de Paris 2024 ont-ils un caractère exceptionnel ?

Franchement je ne sais pas ce que cela fait à un athlète issu de la province. Pour ma part, c’est une grande excitation d’autant plus que nous avons eu accès, avec ma famille, à la billetterie des J.O., avec l’objectif que tous les proches puissent vivre ces Jeux. J’espère évidemment faire partie du groupe, car il y a un long travail avant de se projeter à Paris.

Deux ans plus tard, en quoi le titre olympique conquis à Tokyo a-t-il changé l’homme que tu es, le regard de tes proches ?

Mon entourage proche ne me regarde pas différemment car ces personnes connaissent mon niveau d’exigence envers moi-même. Pour la famille plus éloignée, les amis de la famille, l’impact est plus fort. À l’échelle de mon cercle privé, le quotidien n’a pas changé. En revanche, cela m’a donné soif de réaliser de plus grandes choses encore. Notre réunion d’aujourd’hui avec le staff et le groupe, a permis de se projeter : gagner l’Euro et les J.O., la même année, n’a jamais été réalisé jusqu’à présent. Ce serait le meilleur moyen de faire mieux que les Experts (sourire) mais les étapes seront âpres jusque-là.

En quoi remporter les J.O. en tant que demi-centre, dans un rôle où tu n’étais pas forcément attendu à ton arrivée en équipe de France, t’a fait évoluer ?

Beaucoup de fierté bien sûr car j’ai toujours travaillé pour être en capacité de réaliser des grandes choses sur un terrain de handball. J’aime tous les aspects de notre sport : attaquer, défendre, courir, monter les ballons, replier pour aider l’équipe, tirer de loin au près, faire des passes, bref, devenir le joueur le plus complet. Grâce à ce travail et surtout à la qualité et à l’aide précieuse de mes coaches qui m’ont essayé à ce poste-là, c’est de m’avoir fait confiance. Je n’aime pas ce terme car cela le rend définitif, en quelque sorte, mais avoir les clefs à ce poste-là. Avoir la confiance de Guillaume et d’Érick à ce poste, m’aide à m’épanouir et j’espère faire encore de bonnes choses.

En quoi ce rôle a-t-il changé la nature des debriefings avec ton entraîneur de père, Kamel ?

Avoir migré à ce poste, en équipe de France et même si je l’avais fait aussi à Créteil et avec le Paris SG, n’a pas fait changer l’analyse des matchs, plutôt fait évoluer. Je dévoile un secret familial mais le plus difficile a été de trouver le consensus entre jouer pour soi et jouer pour les autres. Arrière droit, je jouais bien sûr pour les autres, mais demi-centre le ballon va forcément passer par toi 90 % du temps. Au début c’était difficile de faire des bonnes choses pour les autres et de s’épanouir dans ce rôle.

Est-ce plus réjouissant de marquer ou de faire marquer un coéquipier ?

Si tu m’observes bien, je célèbre plus un beau mouvement de l’équipe, qu’un but. Avec deux gauchers, Dika et moi, le combo qui a fait évoluer cette façon de jouer, c’était important de montrer que l’on pouvait développer du jeu plutôt que seulement, je mets des guillemets, « prendre le ballon et tirer ».

En prenant le cap des clubs étrangers, as-tu pris la mesure de ce que représente le titre olympique ?

Les handballeurs français font rêver. Une douzaine de joueurs de notre équipe ont migré et font le beau jour des clubs. Je crois qu’ils sont fiers d’avoir des joueurs français dans leur équipe. C’est un gage de valeurs, d’intensité, de rigueur et de réussite.

En tant que citoyen, que regard portes-tu sur tes expériences, hier Pologne, aujourd’hui en Hongrie, et quels sont les bénéfices ?

J’améliore mon anglais au quotidien. En Pologne, j’ai aussi commencé à apprendre la langue alors qu’en Hongrie, c’est l’anglais qui rime entre tous les acteurs. La culture culinaire, la culture sociale, la manière d’appréhender la vie avec les autres, me font grandir. Je suis très heureux de dire que je vis à l’étranger et de vivre ces aventures mais attention je suis très fier d’être Français et j’étais très bien auparavant à Créteil et à Paris.

À Kielce et à Veszprèm, à chaque fois tu es bien entouré…

Oui avec les amis de l’équipe de France, on vit ensemble pendant les rassemblements internationaux mais le quotidien est encore différent en club. À Veszprèm, j’ai bien plus découvert Kentin, Ludovic et Dragan (Pechmalbec). J’ai aussi retrouvé mon ami d’enfance, mon compagnon Hugo.

Vos familles se fréquentent-elles ?

L’équipe de Veszprèm est très cosmopolite et nous vivons tous la même histoire : nous sommes tous venus à l’étranger pour jouer au handball et cela nous rapproche. La plupart sont parents et nous partageons beaucoup de moments ensemble.

Le fait d’évoluer à l’étranger renforce t’il ta culture handball ?

Voyager, rencontrer d’autres joueurs, autres coaches, d’autres mentalités, bien sûr que cela renforce mon expérience, de joueur et d’homme. J’ai aussi énormément de responsabilités dans ce club et j’avoue que c’est un défi qui est aussi très intéressant.