Présente à la Maison du handball de vendredi à dimanche pour encadrer les deux équipes du territoire des Pays de la Loire, Corinne Vermeil revient sur les Rencontres Nationales du Handensemble. Vice présidente en charge du handensemble au comité de Loire Atlantique et présidente de la Commission Territoriale Handensemble à La Ligue de Handball des Pays de La Loire, la dirigeante évoque aussi les actions engagées sur le territoire pour développer la pratique.

Auparavant présidente du club de Porterie HB, de 2011 et 2019, pourquoi as-tu décidé de te consacrer en particulier au développement du handemsemble ?
Le but était de me consacrer entièrement au handensemble qui commençait à se développer avec une équipe de handadapté et une équipe de handfauteuil sur le comité de Loire-Atlantique. En 2017, la nouvelle mandature de Thierry Galvin à la présidence du comité 44, m’a offert la possibilité de créer une commission de handensemble et de pouvoir développer la pratique sur tout le 44. Je ne pouvais pas porter plusieurs casquettes, alors j’ai préféré m’engager totalement dans cette dimension du handball pour tous.

Après quelques saisons, quel bilan peux-tu tirer du développement de la pratique dans le 44 ?
Actuellement trois clubs animent une section de handadapté : HB Vallet, Nort AC HB et le Porterie HB. Il existe également une association « Les Étoiles adaptées » qui est affiliée avec le club de Sautron HB et avec la fédération française de sport adapté. Le comité compte également deux sections de handfauteuil dans les clubs suivants : l’Éclair Chauvé HB et Saint-Sébatien sud Loire HB. Le club du RACC HB Nantes ouvrira, à la rentrée 2022, une section handadapté pour les enfants tandis que l’ASPTT Nantes proposera une section sport adapté avec des modules de 2 mois, en alternance avec le basket et l’athlétisme.

Avais-tu une appétence particulière pour t’investir sur la pratique du handensemble ?
Mon fils aîné est autiste et, à partir de 2013, je recherchais une activité pour lui faire pratiquer le sport. Il n’était finalement pas intéressé par les jeux de ballons. Il a aujourd’hui 32 ans et il est plus tourné vers l’escalade et les jeux en piscine. J’avais constaté qu’il n’existait pas d’activité handball pour les personnes en situation de handicap mental ou psychique. Je m’étais alors rapprochée de la ville de Nantes et j’avais reçu une bonne écoute. Je connaissais bien aussi les structures médico-éducative où mon fils avait séjourné. Cela m’a permis de me rendre sur les IME (Institut Médico Éducatif) pour leur montrer la pratique. C’est ainsi qu’est née, dès 2014, la section handensemble au Porterie HB.

Comment s’est écrite la suite dans le comité 44 ?
Si c’était possible de le faire pour un club alors pourquoi ne pas aider d’autres clubs à se lancer dans cette belle aventure ? Présidente de la commission du handensemble du comité, j’ai pu bénéficier de la mise à disposition d’un salarié, formé au handensemble, qui a permis d’intensifier le développement. Je suis handballeuse, mon troisième fils est handballeur et pour moi le sport doit être un vecteur d’inclusion pour toutes et tous. C’est mon cheval de bataille.

Avec quelle représentation territoriale avez-vous participé aux Rencontres Nationales du Handensemble, le week-end dernier ?
Deux équipes représentaient le territoire des Pays de la Loire. L’équipe de handadapté de JS Allonnes, avec le renfort d’un joueur de Nort AC HB. L’équipe handfauteuil était issue de l’Entente du Pays du Mans. Il faut savoir que la reprise post-Covid est compliquée dans le secteur du handicap avec une certaine frilosité à faire revenir les pratiquants dans les gymnases. Certains clubs n’ont pas encore réouvert leur section.

Connaissais-tu la Maison du handball avant ce week-end des RNH ?
Pour le comité 44 j’avais eu l’opportunité d’organiser notre A.G. afin de faire découvrir la MDH à nos présidents de clubs. Je savais que le cadre était superbe et qu’on ne pouvait pas rêver mieux pour pratiquer le handball. Pour ces RNH, les premiers inscrits avaient toutes leurs chances de dormir à la MDH. Nous avons fait en sorte de bénéficier de cette superbe maison. Nos joueurs étaient ravis : ils avaient des étoiles plein les yeux.  

Comment s’est déroulé ce week-end ?
Nous sommes arrivés vendredi vers 17h30 et nous avons bénéficié d’une visite guidée de la MDH. C’était un plaisir de la faire découvrir à notre délégation. La cérémonie d’ouverture était programmée le lendemain à 08h30 et il a fallu procéder à un réveil matinal pour que nos participants aient le temps de se préparer. Avec la soirée de gala, le coucher est intervenu autour de 01h30. Le week-end était génial mais fatiguant. Je pense que dimanche soir, pas grand monde a fait long feu mais c’était une fatigue positive car tous étaient très heureux de leur week-end.

Quels sont les bénéfices de la pratique ?
Sur le territoire des Pays de la Loire, nous organisons un championnat régional, sous la forme de loisir et en fonction du nombre d’équipes. Dans une formule à trois équipes, deux équipes se déplacent et chacune des trois formatons disputent deux matchs. Nous éditons des feuilles de match et un classement. Dès lors où il existe des matchs, cela donne du sens à l’entrainement et aux notions de progrès. De plus, les rencontres favorisent la sociabilisation. À leur retour du sport, les éducateurs nous disent que les pratiquants sont apaisés. Il est vrai qu’ils se congratulent comme s’ils étaient champions du monde, aussi ils prennent soin des uns et des autres, après un choc sur le terrain par exemple. Les valeurs humaines sont importantes et il est logique de les considérer comme des sportifs à part entière, comme des handballeurs.

Quelles sont les difficultés pour le financement des deux pratiques ?
Pour le handadapté, ce n’est pas un obstacle. Il faut simplement dans un club s’appuyer sur un bénévole formé au handicap de par sa formation dans le médico-social ou qui est de l’appétence pour se former auprès de l’institut de formation territorial. Au niveau du financement des déplacements des équipes de handadapté, les collectivités sont sensibles à l’inclusion et il possible d’obtenir des subventions.
En revanche, les difficultés sont plus importantes pour le handfauteuil en raison du coût des fauteuils (entre 1300 et 180O euros) et le coût de la remorque pour les transporter. Cela nécessite une recherche de financements publics et privés. Nous comptons sur la FFHandball, notamment son nouveau partenaire Décathlon, pour obtenir des prix réduits sur le matériel.

Qu’attendais-tu de la visite de la nouvelle ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera ?
J’en suis très contente. La nouvelle ministre vient du monde du tennis où elle était directrice de la fédération. Elle connaît donc parfaitement le fonctionnement d’une fédération et de ses structures. Elle est aussi en charge des Jeux olympiques et paralympiques, c’est une double casquette importante. La FFHandball aura bientôt la délégation du parahand et c’est plutôt agréable de recevoir le soutien de la ministre dans le cadre de cette future délégation qui confère des droits et des devoirs.

Sur le territoire des Pays de la Loire, quelles sont les actions engagées pour le développement du handensemble ?
Les 30 et 31 octobre derniers, nous avons organisé à Nantes les premières Rencontres Nationales du Handensemble du grand ouest. 15 équipes (9 de handadapté et 7 de handfauteuil) issues des territoires de Nouvelle-Aquitaine, de Normandie, du Centre-Val de Loire et des Pays de la Loire ont participé à la manifestation. L’objectif était de dynamiser la pratique du handensemble et de favoriser les partages d’expérience avec les encadrants des équipes. Le comité de Loire-Atlantique et son président Thierry Galvin ont souhaité pérenniser l’événement qui aura lieu tous les deux ans. La prochaine édition devrait avoir lieu en avril 2023.

Propos recueillis par Hubert Guériau