Entre les interpôles passés et les interligues à venir, l’actuelle semaine internationale des jeunes masculins sera ponctuée par une séance d’intercomités. Ainsi, c’est toute la pyramide de détection fédérale qui a repris ses activités. Un ancrage précieux que nous explique Jacky Bertholet, le responsable du projet de performance fédérale masculin.

Pouvez-vous nous dire ce que l’on entend par projet de performance fédérale (PPF) ?
C’est avant tout un intitulé qui a pris le relais du PES (Parcours d’Excellence Sportive) et historiquement donc la continuité de la politique de formation du handball de manière générale. Autrement dit, nous sommes passés des sports études au PPF, en passant par les PES. En fait, l’appellation est plutôt impulsée par le Ministère chargé des sports, qui crée des normes et nous accompagne dans des cahiers des charges, aux côtés également de l’ANS (Agence Nationale du Sport). Ce qui est plus récent, c’est l’instruction ministérielle qui demandait explicitement à proposer des parcours adaptés soit au sport féminin ou masculin. D’autant plus important pour nous que les environnements du sport professionnel, masculin et féminin, sont bien différents. Tout comme la maturité d’accès au plus haut niveau. Ils ont forcément des points communs, mais chacun leurs spécificités.

Comment peut-on présenter ce PPF aux yeux du grand public ?
Avant même le suivi, il s’agit tout simplement de la recherche des talents, dans laquelle depuis toujours les territoires et les clubs sont particulièrement impliqués au sein de notre fédération. La deuxième étape est comment aider et accompagner ces jeunes à se créer un projet et un parcours vers la performance. Ce qui est capital. Et après effectivement c’est leur suivi jusqu’aux portes d’une équipe de France. En ce sens chez nous, nos équipes de France A sont de formidables moteurs pour susciter des vocations et déclencher des ambitions.

Certes, mais on peut aussi dire que de la bonne organisation du projet de performance fédérale dépend la qualité du vivier à la disposition de l’équipe de France ?
Oui mais pas que l’organisation en fait. Car c’est un crédo qui accompagnait déjà la mise en place des sports études dans les années 70. Il y a un autre point qui me semble vraiment spécifique au handball français, c’est la qualité de son encadrement, au travers de compétences et d’expertise. On le voit dans la progression des joueurs et parce que l’on attache une attention particulière à la formation des entraineurs. Nous sommes un pays où la filière est certes organisée, mais aussi encadrée, que ce soit dans les pôles, les clubs ou les centres de formation. Cela me semble important et propre à notre discipline. Au même titre que notre maillage du territoire, entre les clubs, les comités et les ligues, mais aussi les sections sportives et les pôles espoirs, afin de faciliter l’accès à une pratique compétitive on va dire…

Au-delà de sa qualité, on peut aussi parler d’un encadrement surtout garant des valeurs de la discipline ?
Tout à fait ! C’est aussi ce que j’entends par qualité de l’encadrement. Ce n’est pas que de l’expertise technico-tactique. Dans la culture du handball, il y a cet attachement à faire en sorte que le joueur soit accompagné dans sa globalité, c’est à dire son épanouissement personnel, son aspect comportemental, son approche de la performance et ses exigences. Cela ne veut pas dire que l’on réussit tout le temps. Mais en tout cas, c’est ce qui est recherché.

Comment est articulée cette pyramide dont vous êtes désormais seul à la tête en tant que coordinateur ?
On garde l’esprit d’un travail collectif et je m’appuie énormément sur les coachs des sélections jeunes, Yohan Delattre (U21), Pascal Person (U19) et Guillaume Joli (U17). Et puis dans notre organisation initiale, perdure également toujours le groupe de détection fédérale (Arnaud Villedieu, Philippe Schlatter, Patrick Passemard et Gaël Michaud), qui a en charge de faire vivre et organiser nos différentes compétitions, des intercomités aux interligues, dans le but d’identifier nos meilleurs talents et voir comment on peut les orienter dans leur parcours. En élargissant, notre stratégie ces derniers temps est de mettre de l’expertise dans les staffs des équipes de France jeunes, des spécialistes gardiens à la vidéo, en passant par la préparation physique et la dimension mentale. Mais notre handball, même de performance, doit rester connecté à sa dimension sociale avant tout.

Justement, comment s’adapter aux changements de la société et des jeunes en particulier ?
Les deux aspects sont importants. Les attentes de notre société ou de notre environnement évolue, à l’instar d’un handball professionnel de plus en plus structuré par exemple, et de ce fait il y a un enjeu à développer le niveau de compétences et d’expertise de nos cadres. Les jeunes c’est un peu pareil, ils ont évolué dans leurs attentes et ils veulent que les parcours qu’on leur propose soient particulièrement adaptés à leur ambition. A nous d’être capables de faire des parcours un peu atypiques ou singuliers. Et en même temps, ils viennent chercher une forme de marque de fabrique de la formation handball. C’est à dire un certain cadre dans lequel ils ont envie de grandir, s’épanouir et progresser. 

D’autant que la filière a plutôt bien traversé la pandémie finalement ?
Ce fût douloureux quand même. Mais oui nous sommes en train de retrouver une situation normale et tout le programme de la filière devrait pouvoir se mettre en œuvre sur la saison 2021-22. Nous serions donc déjà en phase de revenir sur une situation stabilisée. Maintenant, il ne faut pas perdre de vue que nous avons connu un petit trou d’air sur les licenciés de 13, 14 et 15 ans, aussi bien dans la création que dans le renouvellement. C’est bien la démonstration que le travail de recherche à 13-14 ans est capital et qu’il faut que l’on ait de l’activité sur cette tranche d’âge. Ce que la pandémie ne nous a clairement pas permis. La reprise des intercomités, dans une nouvelle formule, et l’action des territoires, vont être déterminants pour remobiliser les jeunes et faire émerger dès cet âge-là des ambitions.

Et du coup la fierté plus que jamais de faire partie de cette famille ?
Oui, nous avons toujours eu des dirigeants qui ont su mettre le handball en mouvement et impulser cette dynamique d’avancer, se renouveler et ne jamais se reposer sur ses lauriers !

Propos recueillis par Hugo Chatelain