Une compétition internationale organisée en Allemagne est forcément une raison supplémentaire de solliciter le regard bleu de Kentin Mahé. Il est le premier invité de l’entretien du lundi de cette année 2024.

Imaginez un jour que tu jouerais un match dans ce stade, qui plus est d’ouverture de l’EHF EURO 2024 ?

Je crois que c’est un peu à la mode de vouloir faire toujours plus, la volonté d’organiser un tel événement dans notre sport ou dans un autre. Que ce soit en Allemagne, cela démontre son savoir-faire et sa capacité de remplir de grandes salles. Personnellement, je trouve ça plus cohérent qu’un seul pays organise la compétition. C’est une bonne chose pour l’Allemagne.

L’idée de jouer cet Euro, dans un seul pays, te séduit donc…

Pour l’identité de la compétition, c’est mieux. On parle ainsi d’un événement organisé sur une seule terre. La population s’identifie plus facilement et cela génère une meilleure notoriété. Cela simplifie aussi les transferts entre les différents sites. Je crois aussi que la compétition est bien plus lisible.

Qu’avais-tu ressenti au moment du tirage de l’Euro qui permet à l’équipe de France de disputer le match d’ouverture dans ce stade devant lequel tu as dû parfois circuler ?

Très rapidement, le bruit courait que ce match aurait lieu dans le stade de foot. Mon beau-frère est un grand fan du Fortuna Düsseldorf qui joue dans cette arène et j’étais donc bien sensibilisé. Ma belle-famille vit à 25 minutes d’ici, alors oui parfois cela nous arrive de venir à Düsseldorf et de passer devant.

Ta belle-famille sera présente mercredi soir ?

Oui bien sûr. Ma femme, mes deux enfants, mes beaux-parents et les belles sœurs et les beaux-frères seront au match. Au total, j’ai commandé 10 places.

55000 spectateurs sont attendus, ce France-Macédoine du Nord, puis cette Allemagne-Suisse, vont entrer dans les livres d’histoire du sport…

J’ai eu la chance de participer au dernier record du monde, en date, dans l’arena de Francfort, pour un match de Bundesliga, entre Rhein-Neckar-Lowen et Hambourg, en 2014. C’était le 2e ou le 3e de la saison et c’était cool à vivre. Je crois qu’à l’époque que le public était plus venu pour l’expérience, plus que pour l’ambiance et je me souviens que les gradins étaient assez éloignés. L’Allemagne jouera mercredi soir et je pense que l’ambiance sera meilleure.

Tu avais particulièrement réussi le Mondial 2019 organisé en Allemagne… et au Danemark. En quoi une compétition organisée en Allemagne peut te donner, si toutefois c’était nécessaire, une motivation supplémentaire ?

Trouve une motivation peut parfois être nécessaire avec l’accumulation des matchs, trouver le surplus qui te fait avancer et te transcender, cela peut permettre d’avancer encore plus. Forcément pour moi qui est un fort passé germanophone et que mes enfants soient nés en Allemagne – mon fils est né à ½ heure de Düsseldorf – cela rajoute encore plus de piment et de beauté aussi car l’Allemagne m’a tellement donné. Donc oui c’est une motivation d’être toujours sur le devant de la scène et devant l’Allemagne à la fin de la compétition.

Comment expliquer que depuis de nombreuses années, c’est toujours l’équipe de France qui s’impose, souvent à l’issue de matchs très serrés, face à l’Allemagne ? Penses-tu que les Allemands nourrissent un complexe ?

Moi je ne le vois pas comme ça. Ce n’est pas un complexe. Ce sont deux équipes qui se respectent avec de très bons joueurs. Les matchs sont toujours très serrés, on l’a encore vu l’an passé en quarts de finale où nous avons été longtemps menés.

Comment expliques-tu la régularité de l’équipe de France depuis 2021 avec quatre dernies carrés consécutifs ?

Nous avons peaufiné notre jeu et porté une grande attention aux détails. Nous essayons d’analyser les matchs différemment, d’être le plus précis possible. Il y a aussi la qualité des joueurs. Ceux qui n’ont pas été sélectionnés auraient pu tout aussi bien. Cet ADN, de vouloir tout gagner, même si certains l’ont déjà fait, c’est ce qui nous habite.

Tu as indiqué rechercher un nouveau club pour les prochaines saisons. Au-delà de ton palmarès exceptionnel, cet Euro revêt-il un enjeu plus personnel ?

Je ne sais pas si je veux faire mes preuves, mais je veux démontrer que je peux faire encore trois ans, au minimum, dans un effectif qui joue les premiers rôles. J’ai envie de montrer que j’ai encore du gaz ! J’ai aussi toujours le désir de me prouver que je suis physiquement solide et prêt à encaisser l’enchaînement des compétitions et des matchs. Le fait aussi que les joueurs poussent aussi derrière, c’est aussi un moteur pour continuer à travailler.

Même s’il faut bien entendu se méfier de tous les adversaires, enchaîner la Macédoine du Nord, la Suisse et l’Allemagne, représente une forme de hiérarchie. En quoi fait-il se méfier de ce programme ?

Je pense que nous avons la qualité nécessaire pour nous nous projeter de match en match. La particularité de ce début de compétition est que nous jouerons mercredi puis dimanche. Il y aura un deuxième moment d’acclimatation à Berlin, donc on ne se projette pas.