Depuis le 1er août dernier, Mourad Bounouara est Conseiller Technique National en charge du ParaHand. L’arbitre Elite détaille ses nouvelles missions auprès des équipes de France de HandSourd et de HandFauteuil.

Quel est ton rôle et ton objectif auprès des équipes de ParaHand ?

L’objectif est d’accompagner le staff et les athlètes, HandSourd et HandFauteuil qui sont des compétiteurs. La compétition, c’est l’ADN de la maison bleue et tous les collectifs se doivent de véhiculer ces valeurs et la même ambition : aller au bout des compétitions.

L’équipe de France HandFauteuil était rassemblée à la Maison du handball à la fin du mois d’août. Quel est le bilan pour cette grande première ?

Les dotations étaient prêtes à l’arrivée et tous les sélectionnés avaient des étoiles dans les yeux. C’était un rêve pour toutes et tous et je me souviens du propos de Fatih Guhadar disant « je veux être le futur Nikola Karabatic ». Les joueurs ont été très impressionnés de l’accueil dans ce lieu mythique et ils étaient impatients de se jauger sur le terrain.

Dans quelle configuration s’effectuera le second stage, du jeudi 23 au dimanche 26 novembre ?

20 joueurs ont participé au premier stage et le staff a dû effectuer des choix pour réduire le groupe à 15 joueurs, dont 3 joueuses pour ce deuxième rendez-vous. 14 sont issus du stage précédent et un nouveau joueur sera testé.

Quelles sont les conséquences de la récente annonce de la tenue du Mondial 2024 ?

Le choix de la pratique est déterminant : ce sera un Mondial de HandFauteuil à 4. Il se tiendra en octobre 2024. Avec la collaboration de la cellule recherche et performance managée par Olivier Maurelli, nous allons entamer une série de tests avec les athlètes afin de pouvoir les entraîner et les préparer au mieux aux spécificités de la discipline.

Quand l’équipe de France disputera-t-elle un premier match international ?

Nous avons sollicité l’Espagne pour une double opposition. Le premier match est programmé le vendredi 12 janvier prochain. Nous n’avons pas pu répondre favorablement à une invitation contre l’Espagne en décembre prochain, faute de temps pour l’organisation des athlètes. En effet, la plupart des joueurs ont des activités professionnelles. L’Espagne a plus de vécu avec diverses rencontres sur le plan international mais aucune participation à une compétitions majeure. J’échange régulièrement avec mon homologue espagnol qui est surpris par les moyens que notre fédération met à notre disposition. Cela est plutôt encourageant pour notre collectif France.

Justement, le staff a-t-il effectué une évaluation après le rassemblement du mois d’août ?

Le staff était content de se retrouver afin de se coordonner et que chacun trouve sa place et d’appréhender au mieux la logistique complexe d’un tel rassemblement. Nous visons d’organiser le match France – Espagne en dehors de la Maison du handball afin de nous roder sur une logistique de déplacement. L’entraîneur Fabien Convers et son adjoint Cédric Noir ont une activité professionnelle mais ils sont pleinement investis dans leur mission. Ils ont récemment rencontré Éric Baradat afin de récolter des informations et des conseils précieux pour le staff.

Quelles sont les difficultés principales ?

Il faut imaginer qu’un joueur arrive avec son fauteuil du quotidien et son fauteuil sportif. Les accès dans les gares et dans les aéroports sont toujours compliqués. Parfois, les ascenseurs ne fonctionnent pas… Bref, tout cela prend du temps et nécessite de la coordination, notamment pour préserver les joueurs de la fatigue superflue. C’est le rôle de l’intendante de l’équipe, Stella Raffi. Bien que la Maison du handball soit adaptée aux PMR, les joueurs nous ont fait des retours pour optimiser leur séjour et leur dotation.

Combien de joueurs participeront au rassemblement de l’équipe de France HandSourd et pour préparer quelle échéance ?

16 joueurs sont convoqués pour le prochain stage du vendredi 24 au dimanche 26 novembre. Les joueurs évoluent à un niveau régional et notre projet est d’affronter un adversaire de ce niveau, au mois d’avril et en dehors de la Maison du handball. La prochaine échéance internationale se tiendra en juillet prochain avec le championnat d’Europe. Initialement programmée en Turquie, le lieu de la compétition n’est pas encore connu.

Pour l’équipe de France de HandSourd, ce n’est pas la logistique mais la communication qui est plus délicate ?

En effet, lorsque j’ai reçu l’équipe de France, nous avons fonctionné avec un dictaphone mais la communication n’a pas été simple. En revanche, l’entraîneur Thibaud Robert, son adjoint Pascal Gadzinski et la kinésithérapeute Marine Lambert maîtrisent la langue des signes. Le manager Julien Goy de l’équipe de France, est malentendant mais nous avons prévu l’aide d’une interprête lors de notre prochain rendez-vous.

Quelles sont les spécificités de l’arbitrage du HandSourd ?

Ce sont exactement les mêmes règles que sur le handball à 7. Les arbitres sifflent donc de la même façon mais ils sont équipés en plus d’une chasuble qu’ils agitent pour signaler leur intervention. Ce n’est sûrement pas optimal et il y a certainement un moyen plus visible à imaginer.

En revanche, les règles du HandFauteuil sont différentes…

Elles se rapprochent du BeachHandball avec des tirs primés de deux points (360, goal-à-goal). Marc de Sousa, qui était Délégué sur le Mondial 2022 organisé en Égypte, est missionné par la CNA pour la formation des arbitres de HandFauteuil. Il traduit les documents en provenance de l’IHF et prépare les différents supports pour la formation.

La perspective des Jeux paralympiques de Paris 2024 ne génère-t-elle pas de la frustration ?

Non, je ne ressens pas du tout de frustration car nous sommes au début de l’histoire. Dans un premier temps, nos équipes sont déjà impatientes de disputer leur première confrontation sous le maillot de l’équipe de France.

Après un peu plus de trois mois, qu’apprécies-tu dans ta nouvelle fonction ?

Tout va à 300 à l’heure et je m’éclate. Aucune journée ne ressemble à une autre. Au travers de ma présence régulière à la Maison du handball FFHandball, j’ai découvert l’organisation de la fédération. J’ai souhaité prendre mes repères auprès de mes collègues des différents services. Je suis ravi de l’accueil et en particulier de la collaboration des différentes services, performance sociale, marketing et communication notamment. Le Parahand suscite l’attention de tous, au même titre que les autres disciplines. C’est réjouissant.